«  Aux 4 As  »  

Je me suis bourré la gueule

 

Je vais vous parler du bar Aux 4 As qui est sans aucun doute le meilleur bistrot du monde.

C'est à partir de 15 ans que j'ai commencé à y aller. Au début, c'était juste pour jouer au flipper et au baby-foot avec Vinvin. Ensuite, nous avons assez vite commencé à consommer des demis pour très rapidement y venir tous les soirs après l'école, le mercredi après-midi bien sûr et le week-end. Bref, les As c'était tous les jours, sauf le lundi car c'est fermé.

Aux As, il y a René et Françoise, les patrons, et c'est agréable de prendre le temps de discuter avec eux de choses aussi diverses que variées devant un petit café. Et puis y'a Fab', qu'est vachement bon au baby.

Aux As, il y a un juke-box qui joue de la bonne musique. Il y a les indispensables Cat Steven, Eric Clapton, Noir Désir, Texas, U2, le concert de Woodstock, Nirvana, Deep Purple et Bob Marley.

Aux As, il y a le tableau du foot avec le classement de la nationale 1, et quand tombent les scores, c'est l'occasion de boire un verre, même si on perd et heureusement, sinon on ne picolerait pas beaucoup.

Boire un verre, ou plusieurs même. Aux As, c'est surtout (pour moi), les demis, les Pastis, et quand on décide de se murger, on tape dans les bouteilles de rosé mais c'est plus rare.

Aux As, j'y ai passé ma vie, j'y ai lu des BD, j'y ai joué au « Richesses du Monde », au trou du cul, au UNO et puis au baby et au flipper bien entendu. Histoire de me faire peur, j'ai calculé combien j'y ai claqué de fric, et en cinq ans, j'ai du y laisser près de 30 000 francs et j'ai compté large.

Le flipper. A force d'y jouer, je faisais partie de ceux qui étaient devenus des champions du monde. Il est souvent arrivé qu'en mettant 5 francs pour trois crédits, les séances duraient deux heures et je repartais au bahut en laissant des crédits. Il fut même une période où nous planquions du fric dans les coins du flipper au cas où il viendrait à en manquer pour le bab'.

Le baby-foot. Voilà un jeu qu'il est bien. Combien de parties ai-je pu faire ? 500 ? 1000 ? Ce qui est sûr, c'est que j'en suis souvent reparti avec des ampoules...

Aux As, dès que j'ai l'occasion d'y aller, j'y vais. Là, comme c'est les vacances, j'y suis rendu trois ou quatre fois par jour, ce qui donne en temps cumulé entre trois et cinq heures de présence. Parfois, c'est pour boire un café ou une bière et parfois, c'est juste pour discuter, jouer au flip ou fumer une clope.

Aux As, j'y ai passé d'innombrables soirées jusqu'à la fermeture ou avant d'aller au balloche. Il m'est aussi arrivé d'en ressortir dans des états pas très raisonnables du tout. La pire cuite, c'est la fois où Françoise ne voulait plus me servir. C'était un samedi soir, le bar était plein à craquer de jeunes et avec Vinvin, nous jouions au baby. Le verre de bière était à 9 francs alors après un verre chacun, nous avions la monnaie pour jouer. Nous avons répété l'opération une petite dizaine de fois avant que je ne commence à ne plus savoir où était le nord. Je suis parti en couille, je me suis viandé sur le baby, et je me suis accoudé au bar. Françoise m'a servi une limonade et comme un con, j'ai vidé cul sec le demi de Vinvin. J'ai renversé je ne sais plus quoi et j'ai senti mon bide se retourner. Je suis allé déposer une galette sur le trottoir et Vinvin m'a douloureusement rapporté chez moi. Je me demande encore comment j'ai put trouver mon lit, et cette cuite aux As est mémorable mais au passage, ce ne fut ni la première, ni la dernière de ma carrière de buveur invétéré.

Aux As c'est bien, et j'aime bien y aller souvent.

9 septembre 1997

P.S. : Si vous allez à Thouars, je vous conseille d'aller y faire un tour juste pour le plaisir. Pour l'adresse c'est pas compliqué : c'est rue Ricard !

P.S. : En ce qui concerne ma galette, il n'y pas de honte à avoir et cette maxime universelle le prouve bien. Elle dit ceci : « Un bon grand buveur de bière est quelqu'un qui maîtrise sa déposition de gerbe ».