L'équitation me casse les bonbons
Et c'est pas bon pour ma descendance
Je n'en ai fait que deux fois dans ma vie, et ma position est désormais irréversible. J'aime pas l'équitation.
La première fois, c'était un beau jour d'été avec une dizaine d'autres jeunes sympas de Thouars. Nous sommes partis en pique-nique dans la campagne puis sommes allés au centre équestre voisin pour une balade à cheval à travers champ.
Quand on fait du cheval, il faut avant tout choisir sa monture et c'est là que les ennuis commencent vu que les bestioles ont toutes un caractère qui fait qu'à un moment ou un autre, elles vont prendre un malin plaisir à te faire chier et ainsi te gâcher ta journée.
Attiré par la beauté d'une grande jument, je suis monté sur son dos mais comme je venais juste de finir de manger, j'ai préféré ne pas y rester trop longtemps pour éviter de tout gerber mon rôti de porc et mon Coca sur la crinière de ma monture. J'ai donc opté pour un mâle moins haut et nous sommes partis les uns derrière les autres. Je restais en fin de groupe mais ce n'était pas la volonté du cheval qui préférait être en tête. Il ne suivait pas mes consignes et s'obstinait à passer devant tous les autres. Je l'ai donc engueulé un grand coup, histoire de calmer ses ardeurs de chef et il a commencé à se venger. Comme il n'avait pas dû manger autant que moi, il s'arrêtait tous les vingt mètres pour brouter l'herbe sur le bord du chemin. Dès lors, je prenais du retard sur le reste du groupe, j'étais donc obligé de le faire avancer plus vite mais quand je donnais un coup de talon, il partait au galop et je ne pouvais plus l'arrêter.
Découragé et un peu énervé aussi par cette activité chiante, je me suis tourné vers Benjamin, un petit âne super con qui tient bien son nom d'âne. T'aurais pu lui faire exploser une bombe atomique dans la gueule qu'il aurait pas bougé d'un poil. Cet animal avait les pattes bétonnées dans le chemin et il fallait user de ruses indiennes pour lui faire mettre un pas devant l'autre. Comme les autres s'impatientaient, ils sont partis sans m'attendre, m'invitant à les rejoindre dès que je le pourrais, et que si ce n'était pas le cas, ils repasseraient sur ce même chemin au retour. Je suis donc resté tout seul avec ma mule qui avait la même tête (de mule). Pour le faire avancer, j'ai commencé à lui mettre quelques coups de talon dans le bas du bide... en vain. Je suis donc descendu, j'ai tiré de toutes mes forces sur les rênes et j'ai réussi à le faire déraper sur environ trente centimètres. Lui, passible, regardait niaisement dans le vide et se foutait royalement de ce que je lui racontais. J'ai pris un morceau de bois et je suis remonté sur la bête. J'ai lancé le bâton devant en criant « Va chercher ! », un peu comme quand on joue avec un chien. Que dalle ! Il n'a pas avancé d'un poil. Je suis redescendu et je l'ai poussé au cul pour lui donner de l'élan. La seule chose qu'il a su faire, c'est de me chier sur les baskets. Un peu excédé par la mauvaise volonté du Benjamin, je suis allé m'asseoir dessus et je me suis grillé une p'tite Goldo au soleil. Pendant ce temps, il chassait inlassablement les mouches avec sa queue. Je m'étais calmé et je lui ai parlé très gentiment en lui donnant de petites tapes sur la croupe. J'avais oublié qu'un âne ne prend pas souvent de douche et en tapant à cet endroit, c'est un nuage de poussière qui s'est soulevé... Une poussière imprégnée d'une immonde odeur de transpiration chevaline qui schlingue à mort.
Situation désespérée. Je suis abandonné sur un chemin de campagne, en plein soleil, le gosier sec, les yeux pleins de poussière d'un âne crétin qui continue à fixer niaisement le néant, ne bougeant que la queue et les oreilles pour chasser mouches et autres insectes volants. L'après-midi était déjà bien avancée et la cavalerie a fait son retour. Nous avons accroché l'âne à un autre cheval, condition indispensable pour le faire rentrer au centre équestre.
Si un jour vous cherchez une activité pour passer un bon moment, je vous conseille une promenade à cheval, vous reviendrez comblé et n'aurez qu'une envie : y retourner. C'est ce que j'ai fait mais trois ou quatre années plus tard, c'est-à-dire lors de mon week-end aux Perrières avec mon ami Antoine et son amie Birgit. Nous sommes allés nous promener avec une jolie jument blanche et j'ai eu envie de retenter ma chance auprès des chevaux car je n'avais pas envie de rester sur ma seule et mauvaise impression que j'avais. J'ai donc grimpé sur la belle et elle obéissait parfaitement : un délice. Cinq minutes de plaisir sur son dos jusqu'au moment où je me suis aperçu que les coutures de mon jeans frottaient contre l'intérieur de mes douces cuisses poilues et ça fait mal. J'ai quand même demandé à faire un peu de trot histoire de voir si j'étais définitivement fâché ou non avec les chevaux. Je me suis minutieusement remonté les burnes pour éviter tout incident désagréable, j'ai suivi les conseils de Birgit et le cheval est parti au trot. Au début, tu tapes du cul contre la selle et c'est pas très agréable. Ensuite, quand tu arrives à suivre la cadence, c'est déjà plus sympa mais comme je ne la tenais pas plus de cinq secondes, ce qui devait arriver arriva. Y'a mes testicules qui se sont remis dans leur position normale et qui se sont explosés contre le dur cuir de la selle trois ou quatre fois de suite vu que le cheval continuait à trotter. J'avais donc les cuisses et les couilles en feu. Les cuisses toutes rouges et les couilles toutes bleues foncées.
J'avais déjà un point de vue négatif sur l'équitation, cette dernière expérience l'a confirmé et c'est définitif. Je ne monterai plus jamais sur le dos d'un cheval, ça me casse les bonbons ça risque de porter préjudice à ma descendance.
25 avril 1997